NUIT D'ORAGES 08 ET FIN

Récit érotique écrit par mielpops09 le 14-02-2013
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Catégorie Lesbiennes

Sophie n'a pas le temps d'achever sa phrase que Camille flanche et tombe dans ses bras..
« Bébé!! Bébé!!....Camille! Mais qu'est-ce-que...Chérie? »
Il ne faut pas longtemps à Sophie pour comprendre que quelque chose de grave est en train de se produire sous ses yeux. Le délire soudain de Camille, le mal de crâne, le non sens de ses phrases, et à présent, le filet de sang qui s'échappe par son oreille, Sophie percute et compose le 18 après avoir mis sa compagne en position latérale de sécurité.
Quelques minutes plus tard, qui paraissent une éternité, un véhicule de secours et d'assistance aux victimes arrive sirènes hurlantes au domicile du couple. Le chef d'agrée, suivi des son équipe entre dans la vaste demeure et part à la rencontre de Sophie qu'il trouve au chevet d'une Camille inconsciente. Avant que le gradé ne se penche pour faire son bilan, Sophie intervient:
« Inconsciente depuis dix minutes, je soupçonne un trauma cranien après un coup violent porté à la tête. Le pouls est rapide et bien frappé. Fréquence ventilatoire normale pour l'instant. Mettez la sous oxygène, 5l/mn .Faites vite messieurs s'il vous plaît. Je vous accompagne, je suis médecin ».

Le véhicule sanitaire démarre et s'engage dans l'allée gravillonnée de la propriété, avec pour seul témoin, le reflet bleu du gyrophare qui déchire la nuit, un bleu triste et froid, glacial.
Sous ses yeux, sa moitié, l'amour de sa vie, sa femme gît, inconsciente, une épée de Damoclès au dessus de sa tête. Les secondes s'écoulent comme des heures, putain, il a disparu l'hôpital ou quoi? Elle fait le trajet tous les jours mais jamais il ne lui a paru aussi long. Le médecin du SMUR et ami, Thierry est à ses côtés. Rejoint en chemin par la voiture de service, le praticien, grave mais très professionnel, surveille l'évolution de l'état de Camille. Il n'y a rien d'autre à faire de toute façon.
Dans la salle d'attente, où ses collègues l'ont gentiment priée de rester, Sophie fait les cent pas. Jamais elle n'avait pensé qu'un jour, elle vivrait ce que des centaines de familles et proches ont vécu avant elle à cet endroit: la peur, l'angoisse, les questions..Ca a été si soudain et pas le moindre symptôme..Un avc, c'est un avc, ou un trauma, le choc qu'elle a reçu au crâne? Ah, c'est insoutenable..attendre..les doutes..le film des événements..encore les questions et la peur, cette putain de peur qui tenaille le ventre, celle qui prend les tripes et fait réaliser que l'on peut perdre l'être que l'on aime le plus au monde d'un simple claquement de doigts..
« Sophie?....Sophie?Adeline...
- Elle vit...
- Trauma?
- Rupture d'anévrisme. Ca n'a rien à voir avec le coup qu'elle a pris à la tête. Il n'a pas été assez violent pour entraîner une fracture crânienne, encore moins l'éclatement de l'anévrisme. Ca devait arriver, c'est tout.
- Y'a plus qu'à attendre donc..
- Elle a eu énormément de chance, l'anévrisme est dans la région temporale droite mais accessible.
- Et si elle survit, qui va la cliper vendredi?
- Bertrand..
- S'il te plait, dis moi qu'elle va s'en sortir, j'en ai besoin..
- Sophie, j'aimerais pouvoir te le dire..Tu sais aussi bien que moi de quoi il en retourne. Elle est forte, jeune, dynamique, accrochée à toi et à la vie..C'est un atout. Maintenant, il faut laisser les choses se faire. Je connais ce sentiment d'impuissance, crois-moi... Tu peux aller la voir si tu veux, elle est en salle 3.
- Merci. »


Sophie entre dans la pièce blanche, froide, impersonnelle. Sur le lit planté au milieu de la chambre, gît sa compagne. Reliée à plusieurs appareils de surveillance, Camille lutte en silence pour sa survie. Le bip du scope est lent et régulier. Le soufflet du respirateur artificiel monte et descend à un rythme de métronome. Elle s'approche lentement du lit comme si elle avait peur de troubler son sommeil et, tendrement, se saisit de la main de Camille avant de la caresser et de l'embrasser.
« Me laisse pas bébé, accroche toi, j'ai besoin de toi..Je t'aime.. »



« T'as presque rien avalé ma chérie.je sais Bridget, mais j'peux pas là..
- Je sais bébé...T'inquiète, tout ira bien..
- je l'espère, ça va être encore galère à trouver du boulot sinon et là, ça tombe mal, j'ai plein de crédits sur le dos..
- Je t'aiderai s'il le faut..Mais pour le moment, rien n'est arrivé, ok ? Allez, viens, je te fais un café..
- Non, pas cette tasse, c'est celle de Camille, prends l'autre à coté
- Ok...Napolitain? Italien, normal ou rallongé ?
- Le plus fort possible..Besoin d'une décharge électrique là...Je me sens complètement amorphe.
- Oki, assied toi..C'est prêt dans une minute. »


-Brigitte, ou Brigdet la petite amie de Pauline depuis peu, manipule avec art le percolateur sans âge que Camille a dégoté dans un marché aux puces lors d'une sortie dominicale avec Sophie. Il n'y en a pas deux pareilles dans le coin et elle est fière de pouvoir offrir à ses patients, de vrais cafés italiens. Cette machine fait aussi le bonheur de Brigitte qui ne jure que pas le bon café, aux arômes bien sentis, ceux dont l'odeur enivre les narines et chavire les papilles. Elle prépare en deux temps, trois mouvements une tasse du précieux liquide et le tend amoureusement à sa compagne . Une mousse épaisse onctueuse laisse passer lentement le sucre jusqu'au délicieux breuvage que Pauline porte à ses lèvres. Bridget s'installe sur le bureau de la secrétaire et s'approche d'elle , jouant des jambes pour faire glisser le fauteuil à roulettes jusqu'à elle. Voyant la mine grave et déconfite de Pauline, elle se lève lentement et l'enserre tendrement dans ses bras. Elle prend de ses mains la tasse vide et dépose un baiser sur ses cheveux soyeux avant de l'inviter à déposer sa tête contre son buste. Elle caresse doucement sa joue et joue délicatement avec ses mèches de feu dont elle hume le délicieux parfum. Pauline lève sa tête et cherche du regard sur le visage de sa compagne un peu de consolation. Bridget répond à son appel en déposant sur sa bouche au goût de café, un baiser affectueux et apaisant. Pauline s'accroche aux lèvres de sa compagne et lui rend un baiser sulfureux. Elle dévore littéralement sa bouche en se collant de tout son corps contre le sien et en se serrant très fort contre elle. Bridget sent contre elle un corps frémissant, un appel à la tendresse et y répond dans un même élan. La frénésie de Pauline la surprend agréablement et elle s'abandonne dans le tourbillon violent de ses baisers sulfureux. Les deux femmes s'étourdissent de caresses, s'embrassent, des mains courent, disparaissent sous les tissus pour réapparaître et disparaître à nouveau. Un plaisir et une envie indicibles envahissent les deux femmes qui se déshabillent à tout va au milieu du bureau de Pauline. Le cadre, l'endroit, les circonstances s'effacent désormais, le plaisir devient roi.
Bridget et Pauline fusionnent, tournoient, s'embrassent, se bousculent doucement. Le tempo s'accélère et, comme prises dans une valse, les deux amantes continuent de tournoyer, scotchées l'une à l'autre, faisant fi des meubles et objets divers qui se trouvent dans la pièce et auxquels elles se heurtent dans leur élan amour. Le tableau de la paroi voisine en fait les frais, le fauteuil à roulettes part valdingue jusqu'à la porte fenêtre.. Les fringues éparpillés partout dans le bureau, les jeunes femmes se retrouvent en sous-vêtements. Noir et dentelles pour Bridget et rouge pour la rousse Pauline. Les deux femmes stoppent net leur étreinte et, sous leur tignasse ébouriffée, haletantes, deux paires d'yeux se défient du regard. Laquelle réussira à dominer l'autre cette fois-ci ?
Pauline telle une walkyrie se jette sur sa compagne et finit par arracher les derniers bastions de tissus de son corps avant de plonger directement sa main entre ses cuisses et de découvrir un sexe trempé et excité. Mais Bridget la plaque contre la paroi attenante au cabinet de Camille et maintient fermement ses poignets au dessus de sa tête avant de lui rendre la pareille, pétrissant allègrement les chairs molles et chaudes de son antre non moins trempée. Pauline, envahie par une vague de plaisir que lui procure cette caresse, fait semblant de résister un instant et s'abandonne aux mains expertes de Bridget qui la fouille sans retenue. La pulpeuse rousse, les jambes flageolantes se laisse aller, glissant lentement le long du mur pastel, ouvrant d'avantage le centre de son plaisir aux doigts gourmands de sa compagne qui la pénètrent ensuite sans façon. Un petit cri s'échappe de sa gorge, ses hanches se marient au rythme des vas et vient qui l'assaillent. Pauline, adossée au mur, fond littéralement et finit par s'asseoir, à même le sol où Bridget la rejoint avant de venir livrer la bataille finale entre ses cuisses, armée d'une langue assoiffée de son suc intime. Offerte, elle subit délicieusement la bouche de sa compagne dont la tête s'affaire sans relâche entres ses cuisses grandes ouvertes. Il ne lui faut pas longtemps pour qu'un immense raz de marée déferle sur son corps en feu et la mette en transe au grand bonheur de Bridget.


Sophie, grave, entre dans la chambre où gît l'amour de sa vie. Camille, semble dormir profondément mais le bruit de l'assistant respiratoire rappelle le combat qu'elle mène en silence contre la faucheuse. Elle contrôle les scopes, le rythme cardiaque, la fréquence et l'amplitude respiratoire avant de se rapprocher de Camille, de caresser son épaisse chevelure noire et de s'adresser à elle. Dans sa voix, des trémolo et une tendresse infinie, et presque une supplique malgré l'ironie.
« Ma chérie, il va falloir que tu songes à te réveiller mon cœur. Tu trouves pas que tu as assez dormi ? Tout le monde t'attend ici ! Moi, ta famille, la mienne, tes patients, ta secrétaire, la maison et même le crocodile ! Pauline a pris les choses en main pour ton cabinet, elle s'occupe de tout, sauf de tes patients, donc, tu sais ce qu'il te reste à faire bébé..Allez hop chérie...
-J'ai besoin de toi mon amour, reveille toi mon cœur.....
La porte s'ouvre et laisse entrer Bertrand, le neurochirurgien, et l'ami du couple.
« Bonjour SophieSalut Bertrand...
-Ca va ? Tu tiens le coup ?
-Pas le choix, mais je vais bien, je te remercie, et toi ? Pas trop débordé ?
-Non, ça va merci.... Tu sais, elle est forte.
-Ca fait trois jours qu'elle est ainsi, et pas d'amélioration.
-En fait, l'hémorragie s'est résorbée et ça, c'est plutôt bon signe. . Reste plus qu'à savoir si son cerveau a subi des séquelles, et ça, on ne le saura que quand elle se réveillera. Son EEG montre une activité cérébrale encourageante, mais tu sais aussi bien que moi qu'on ne saura pas fixés avant qu'elle revienne à elle. Je la clippe demain à 7h.
- Je serai là, enfin si tu me le permets Bertrand.
- Pas de souci ma belle..Tu ferais mieux d'aller dormir un peu..
- Je passe la nuit ici.
- Encore une nuit sur ce fauteuil inconfortable ? Il te faut un bon lit ..et je te rappelle que tu as un lit de garde un étage en dessous. Sophie, tu dois dormir et c'est pas en restant là que tu vas y arriver. Je te connais, tu vas la veiller encore toute la nuit. 3 nuits sans dormir, tu t'es noyée dans le boulot et tu ressembles à un zombie. En plus, je suis sûr que tu as rien avalé..C'est pas une, mais deux patientes que je vais avoir .
- Si, une pomme ce midi..
- Super, et tu crois que tu vas tenir avec ça ? » Petit sourire de Sophie, regard d'un enfant pris à défaut.
« Ok, t'as raison, je vais voir ce que je trouve à grignoter dans la salle de garde et je fille en dessous..Tu es de garde cette nuit ?
- Oui, je viens à peine d'arriver. Et je te rappelle que je suis au bloc demain à 7 h pour ta petite femme. Allez, file, tu ne tiens plus debout...
- Ok, merci Bertrand »

Sophie s'approche de son ami qui la prend dans ses bras et la réconforte. Il caresse ses beaux cheveux blonds qu'elle a retenus en chignon et dépose un baiser sur sa tête
« Allez, ma belle...pleure un bon coup, ça te fera du bien. Elle est tirée d'affaire..Oui, mais dans quel état va-t-elle me revenir ? Les chances de récupération totales sont si infimes..
- Hey, elle vit..
- Je l'aime tant..elle est tout pour moi.
- Ca, je le sais ma chérie..Aie confiance en la vie..aie confiance »


Sophie et Bertrand quittent la chambre et glissent dans les couloirs calmes du service de neurologie de l'établissement. Jamais ces couloirs n'ont jamais paru aussi tristes et froids à Sophie. Une infirmière de garde les croise furtivement en les saluant et se dirige dans une chambre voisine à celle de Camille suite à l'appel d'un malade. Ses chaussures à talon de gomme crissent sur le linoléum impeccable. Le téléphone de l'accueil du service sonne, une femme opulente de couleur répond, un sourire éclatant aux lèvres au passage du professeur et de Sophie qui lui répondent d'un signe tout aussi amical.
Ils arrivent enfin à l'ascenseur et Bertrand presse le bouton d'appel. Son regard croise celui de Sophie qui y cherche encore un soupçon de réconfort. Le neurochirurgien l'embrasse tendrement sur le front et la serre contre lui.
« Aie confiance Sophie,J'ai confiance en toi Bertrand. Mais moins à ce qui peut arriver.
- On sera bientôt fixés..Allez, il est encore temps d'aller te chercher un morceau à la caf de l'hôpital..Je dois continuer mes visites et voir leurs familles avant qu'elles partent.
- Ok, à plus
- Ciao bella »




Sophie entre d'un pas lourd dans l'ascenseur, la tête hantée de souvenirs heureux, croustillants, inoubliables. Viennent à elle des images de fous rires, de douces moqueries, d'anecdotes. Elle s'évade dans ce passé où elle et Camille ont vécu des instants gravés à jamais dans sa mémoire. Un doux sourire illumine un court instant son visage et fait pétiller ses yeux tristes : La cabine d'essayage, la farce de leur amie restauratrice, la signature de l'acte définitif chez le notaire et le pied baladeur de Camille, puis, la poursuite du rôdeur dans le jardin de leur villa, les mots incompréhensibles et puis..et puis...Dur retour à la réalité. L'amour de sa vie, son amie, sa compagne, sa maîtresse, sa femme, gît dans cette chambre triste et blafarde dans l'attente d'un retour incertain à la vie. Aspirée dans ses pensées, elle manque de laisser les portes de l'ascenseur se refermer alors qu'elle est arrivée à destination. Adeline l'aperçoit au loin et l'invite à la rejoindre.

« Ca va Sophie ?
-Je te remercie, oui, ça va.
-Joins toi à moi. Tu veux quoi ? Assieds toi, dis moi...., je vais te le chercher.
-N'importe quoi, ça n'a aucune espèce d'importance. Choisis pour moi. J'ai pas faim de toute façon.
-Ah non hein, t'as rien avalé de la journée je parie. Tu dois manger. Camille doit retrouver sa petite femme en pleine forme.
-Se rappellera-t-elle seulement de moi à son réveil ? Saura-t-elle qui elle est ? Se souviendra-t-elle de nous ?
-Chérie, arrête de penser au pire. Tu sais aussi bien que moi qu'elle peut recouvrer toutes ses facultés.
-Certes, mais le pourcentage est si faible.
-Oui, mais il existe. Tu dois y croire, tu dois croire en la chance et avoir confiance en la vie... je vais te chercher quelque chose à grignoter.
-Je me contenterai d'une salade.
-Ok..Je reviens, j'en ai pour 2 minutes. »


20h55, alors que les portes d'accès aux visiteurs sont sur le point d'être closes, une silhouette se glisse furtivement à l'intérieur de l'établissement hospitalier, déjouant la surveillance du gardien de nuit occupé à discuter avec un agent de surface s'apprêtant à l'entretien du sol de l'entrée. Elle se dirige rapidement vers l'escalier de service dont la porte coupe feu se ferme sans bruit après son passage. Satisfaite, l'intruse se dirige à l'étage de neurologie. Elle connaît parfaitement l'endroit pour s'y être rendue en repérage dans l'après-midi. Pauline, se faufile dans la salle de détente du personnel et subtilise une blouse à peu près de sa taille. Il va falloir jouer serrer. S'introduire dans un hôpital tard le soir n'est pas difficile, mais sa présence dans un service où le personnel est restreint peut paraître vite suspect. Elle a dans sa poche son ticket de sortie, un aller simple pour son nouveau bonheur avec Sophie, un aller sans retour pour Camille. Une simple bulle d'air dans sa perfusion et le tour est joué. Tout le monde pensera que Camille n'a pas survécu à son accident vasculaire cérébral. La chambre de sa future victime n'est plus très loin. Jusqu'à présent, tout son plan se déroule sans anicroche. Il ne lui reste plus qu'à espérer que personne ne sera dans la pièce au moment où elle y pénétrera ou, encore pire, que quelqu'un la surprenne au moment où elle poussera la bulle dans la perfusion de Camille. Passant devant le bureau de l'infirmière en chef, elle entend des éclats de rire qui s'échappent par la porte entrouverte. Un regard à gauche, un regard à droite, la voie est libre, la chambre est juste à quelques mètres.

Pauline ouvre la porte pour la refermer aussitôt. Le temps s'arrête. Elle observe la malade, inerte, immobile, totalement à sa merci. Camille respire seule depuis l'après-midi, mais n'a toujours par repris conscience. Pauline savoure déjà sa victoire, elle observe cette briseuse de bonheur et s'approche d'elle, lentement, très lentement. Le regard noir et empli de haine, elle retire de sa poche la seringue qu'elle s'est procurée et active le piston, aspirant l'air ambiant. Elle étudie avec soin les tubulures et repère vite une voie centrale. Sans hésitation aucune, la main sûre, elle engage l'aiguille dans le cathéter. Un fracas dans le couloir, juste devant la porte la fait sursauter soudain. Le temps de ranger en catastrophe son arme dans la poche, la porte s'ouvre. Pauline, cachée tant bien que mal dans la pénombre, derrière les appareils de contrôle, reconnaît la silhouette féline de Sophie.
« Attends, je vais te donner un coup de main.
- Merci Adeline !
- Non mais quel foutoir ton sac ma belle ! Comment on peut mettre autant de bordel là-dedans ? Lâche Adeline pour détendre son amie
- C'est l'hôpital qui se fout de la charité répond Sophie. Qu'est-ce-que tu fiches ici ?
- Tu as oublié ton téléphone à la caf chérie.
- Ah....ffff, merci.
- Tu crois pas que tu devrais rentrer et dormir ? Elle est tirée d'affaire, son système neurovégétatif est intact, elle ne risque plus rien. Tu dois rentrer te reposer.
- Non, je veux rester ici au cas où elle se réveillerait. Tu sais, je comprends la douleur et l'inquiétude de tous ces gens qui sont dans l'attente et l'espoir. Je sais à présent ce qu'ils ressentent puisque je le vis. Non, je veux rester.
- Je sais chérie, et moi, ça me fait du mal de te voir dépérir ainsi. Tu dois prendre soin de toi. Tu seras tout à loisir d'être avec elle. N'oublie pas que tu bosses tôt demain matin Sophie.
- Je le sais, mais la nuit s'avance et je serai déjà sur place
- Comme tête de mule, on ne fait pas mieux...Mais va, je te comprends.
- Elle est tout ce que j'ai Adeline. Mon métier, le fric, tout le reste n'a plus aucune importance sans elle.
- Je sais..je sais » répond Adeline en caressant tendrement le visage de son amie. « Allez, essaie de dormir un peu, on se voit demain » . Adeline dépose un baiser sur la joue de son amie et se dirige vers la sortie.
« ah, au fait, Bertrand me fait te dire qu'il t'a laissé le dossier que tu lui as demandé sur le desk du secrétariat.
- Ok, je te remercie, je vais aller le chercher, ça m'occupera un peu les idées en attendant que le sommeil ne vienne me chercher. Si toutefois il arrive.
- A demain
- A demain, bonne nuit, et encore merci »

Sophie prend la direction de la sortie et n'entend pas le soupir de soulagement de Pauline toujours tapie dans la pénombre de la pièce. Elle fouille patiemment son sac à la recherche de son autre téléphone portable, le professionnel, celui où toutes ses notes en rapport au dossier sont enregistrées. Elle n'a pas le temps de mettre en route l'appareil qu'une main puissante l'agrippe à la gorge et, d'une force incroyable la plaque contre le mur, broyant son larynx.
« Crève ordure. »
Dans les yeux de Sophie, l'horreur absolue mais également l'étonnement lorsqu'elle découvre, par le rai de lumière qui entre par la porte restée entrouverte, le visage de son agresseur. Elle a chaud, elle étouffe. L'homme serre tellement fort qu'aucun son ne sort de sa bouche. Elle sent contre son visage le souffle de la haine. Un rictus machiavélique sur ses lèvres écumantes, l'homme appuie accentue sa pression sur la trachée de Sophie dont le souffle commence à manquer dangereusement. Soudain, un cri, un faciès de douleur. L'homme lâche son emprise sur Sophie qui glisse le long de la paroi et s'écroule au sol, main à sa gorge, le souffle court.
« Je t'interdis de la toucher »
L'homme, n'a pas le temps de riposter qu'un second coup le frappe au visage, puis un troisième. Il titube, à moitié étourdi et se retourne sur son agresseur, hagard.
« Toi ?
- Je t'interdis de la toucher, tu m'entends ? »
Telle une furie, Pauline se saisit de sa seringue et vient la figer de toutes ses forces dans l'oeil gauche de Joël Fronsac, l'homme pour qui elle avait quitté Sophie. Les mains sur son visage, l'homme s'agenouille sous l'emprise d'une douleur atroce qui déchire son crâne. Un important filet de sang noir se déverse sur sa chemise blanche alors qu'il titube et percute le lit où gît Camille. Pauline, toujours armée du sac lourd de Sophie lui assène un coup violent derrière la nuque. Joël Fronsac s'effondre entraînant dans sa chute, la potence qui se fracasse contre le sol.
Sophie, même si elle déglutit difficilement, récupère peu à peu ses facultés. Incrédule, elle dévisage la femme rousse qui lui a sauvé la vie, mais dont la voix rocailleuse à trahi l'identité. Joël Fronsac reprend péniblement ses esprits. L'oeil horriblement douloureux et le crâne en proie à des maux insupportables, il parvient néanmoins à se relever et à tenir sur ses deux jambes. Le pas hésitant, il se dirige vers la pulpeuse rousse, les mains en avant, un rictus de haine sur son visage ensanglanté mais trébuche sur le pied de la potence qu'il a renversée. Les réflexes diminués, il chute lourdement en avant, le nez percutant violemment le sol, poussant plus profond encore dans son œil, la seringue qui y était restée fichée.
Pauline, enfermée dans sa folie destructrice et dans une haine sans limite pour Camille, se penche sur le cadavre et récupère la seringue dans l'espoir fou qu'elle soit en bon état et de finir sa tâche. Voyant qu'elle est devenue inutilisable, Pauline, rageuse, se jette sur Camille et se met en quête à arracher une à une ses perfusions. Son geste meurtrier est stoppé net dans son élan par un bras ferme et déterminé, celui de Sophie.
« Ne la touche pas !
- Chérie, mais qu'est-ce-qu'il te prend ? Laisse-moi faire voyons.
- J'ai dit ne la touche pas !
- Mais c'est moi que tu aimes voyons !
- T'es devenue complètement folle !..
- Tu me remercieras quand tu comprendras... »


Pauline, dans un dernier élan d'espoir bouscule violemment Sophie qui va s'étaler sur le mur opposé avant de se relever courageusement et de la bousculer alors qu'elle s'apprête à finir sa noire besogne.

La porte de la chambre s'ouvre bruyamment, claquant contre le mur. « Qu'est-ce-que... » Après avoir actionné l'interrupteur, Bertrand, qui venait saluer Sophie, suivi de deux personnels se précipite à l'intérieur de la pièce, jugeant le triste spectacle qui s'offre à leurs yeux. Les deux infirmiers se ruent sur Pauline toujours en proie à sa crise de démence et finissent par l'immobiliser au bout d'interminables secondes. Bertrand, de son côté presse le bouton de l'alarme de nuit. Voyant Sophie consciente, il se précipite alors sur le corps sans vie de Joël Fronsac. Repérant aussitôt du liquide cérébral s'écouler par la plaie béante de l'oeil, il comprend qu'il n'y a plus rien à faire.

« Appelez la sécurité...Sophie, Sophie, ma chérie, tu n'as rien ?
- Elle a, elle a voulu tuer Camille..il est arrivé pour me tuer...Ils se sont battus..
- Chhhhhhhhhhhhhhut..c'est fini ma puce..c'est fini..Ca va ? Tu n'as rien ?
- Il a essayé de m'étrangler..et il y serait parvenu si elle avait pas été là..Elle était déjà là...mon dieu..et si moi j'étais pas arrivée, elle aurait tué Camille..C'est une histoire de fou !
- Mais qui sont-ils ?
- Pauline, mon ex.
- Celle qui...
- Oui, celle qui..et qui, visiblement comptait me récupérer en éliminant Camille. Mais comment savait-elle que Camille était ici ? » Puis, s'adressant à Pauline.
- Comment savais-tu ?
- Je te croyais plus intelligente que ça chérie !
-….
- Tu me déçois beaucoup !
- Tu es...tu es.. C'est toi Mme Brosec. Il ne peut en être autrement.
- Bravo chérie...Ca t'en bouche un coin hein ? Tu peux être fière d'avoir une femme fidèle..Puisque la stratégie pour la détourner de toi et la pousser à la faute n'a pas fonctionné, je me demandais ce que j'allais bien pouvoir inventer mais la chance a été avec moi quand Pauline, la secrétaire, pauvre andouille, m'a dit ce qui lui était arrivé. Je pouvais pas laisser passer une occasion pareille hein..Mais j'avais pas prévu que cet abruti avait prévu le même sort, mais pour toi... Comment tu trouves ma transformation chérie ? Ca te plaît? J'ai fait tout ça pour toi Sophie. Je t'ai sauvé la vie. Et vois comment tu me remercies..
-Tu es complètement dingue..Bertrand, sors la d'ici s'il te plaît ou je vais vomir.
-Ouaip, tiens, tu vas être exaucée, y'a les flics... »



« Tu te rends compte ma chérie ? Il voulait me supprimer pour récupérer Pauline et Pauline voulait te supprimer pour me récupérer moi..Et tu sais, la police m'a dit que c'est lui qui était chez nous cette fameuse nuit. En s'enfuyant avec sa mercedes, il a défoncé sa portière arrière contre le réverbère jouxtant à la propriété.
- et Mme Brosec ? Enfin, je veux dire Pauline ? Elle m'a bien eue elle tiens..J'y ai vu que du feu..
- En taule mais elle va être très certainement reconnue irresponsable de ses actes, tu t'en doutes.
- C'est effrayant. J'ai moi même plaidé la folie pendant de nombreux procès et au vu de ce qui s'est passé pour nous, je préférerais qu'elle croupisse derrière les barreaux..
- Quoiqu'il en soit mon cœur, elle ne pourra plus nous nuire...
- Bon, quand c'est que je rentre à la maison bébé ?
-Tu es en pleine forme chérie. Bertrand m'a dit que tu pourrais rentrer d'ici la fin de la semaine.
- Cool..et le boulot ?
-Ah, là faudra être un peu plus patiente hein ? Je vais m'occuper de toi, je vais te bichonner, te dorloter..
-mmmmmmmm, quel bon programme..
- Je t'aime ma petite femme d'amour.... »


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