LD comme Lady Dimitrescu

Récit érotique écrit par Patrick de Toscane le 14-10-2022
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Catégorie Cougard

Printemps 2022

En début d’année, après avoir passé trois mois dans un centre de désintoxication, le docteur Delafontaine emménagea dans une petite maison retirée dans la campagne franc-comtoise. Il avait décidé de fuir une presse à scandale qui avait brisé sa réputation et son mariage en le montrant trop intime avec l’égérie d’une célèbre maison de couture.

Le village était peuplé par des agriculteurs et quelques retraités qui, dans les années 80, étaient venus gouter à la sérénité d’un célèbre terroir. La nouvelle demeure du praticien était on ne peut plus isolé : la première habitation se situait à trois cents mètres, si on exceptait le manoir abandonné situé juste derrière sa nouvelle propriété.

Au fur et à mesure que l’été approchait, le dérèglement climatique apportait son lot quotidien d'orages plus ou moins violent. 

Après une journée sans fin où le chercheur s’était improvisé débroussailleur, élagueur et bucheron, le nouvel homme trouva sa récompense par une bonne douche.

A l’heure où le voisinage terminait de diner, il préféra goûter au calme d’une terrasse inexplicablement parcourut, à toute heure de la journée, par une brise rafraichissante. Il se vautra sur l’un de ses fauteuils de jardin et posa ses deux pieds sur la table. Le soleil couchant continuait de caresser sa peau et cela en devenait un plaisir érotique pour celui qui, depuis quatre mois, avait écarté les femmes de sa vie. Sous ses yeux, son terrain en friche et plus loin, après les fils d’aciers barbelés, la parcelle voisine et son bois décharné derrière lequel s’esquissait le manoir.

L’agent immobilier n’avait pas été prolixe en information et l’acheteur se souvint juste du nom de l’une des deux tours « accolées Â» à la demeure centrale : la tour des supplices.

Soudain, un grondement sourd venu des cieux précéda un passage nuageux : cette soirée n’échapperait pas à la règle dédicacée par les forces de la nature. L’homme au torse nu resta là jusqu’au déclin total du jour.

Vers vingt-trois heures, il quitta la terrasse et rentra. La fraicheur de la nuit le persuada de laisser la baie ouverte et il se vautra sur le canapé pour une nouvelle nuit.

 

Il y a quinze ans, le docteur Delafontaine se rendit célèbre pour avoir découvert un traitement contre une forme malignes de l’hémopathie. La simplicité de son traitement le fit rater le prix Nobel, mais pour lui, l’important était les résultats sur les malades.

Ses résultats encourageants ne tardèrent pas à être jalousés, mais de tout temps, il en était ainsi. Sa jeunesse et son charisme attirèrent l’œil des médias toujours avides d’audience pour placer leurs « produits Â». Il se laissa submergé par cette sympathie artificielle. Il cumula les fausses conquêtes et y perdit sa femme. Dix ans plus tard, après avoir sauvé la vie de centaines de milliers de patients, étrangement, le vent tourna. Son protocole de traitement fut critiqué, attaqué et malgré les faits, certains confrères aidés par les médias décidèrent d’avoir sa peau.

 

Vers les trois heures du matin, vautré nu sur le canapé, le dormeur sursauta et se dressa immédiatement sur un coude. Il s’immobilisa, l’oreille pistant le silence et le regard la semi-obscurité. L’instant ne tarda pas à être brisé par un lointain roulement de tonnerre. Patrick Delafontaine s’assied sur le bord du canapé, avant d’enfiler un jogging. Le torse nu, il traversa le salon et s’arrêta à mi-chemin : que faisait-il ? La fatigue d’une longue journée encore pesante, pourquoi s’était-il levé ? Son regard fixa la terrasse et bousculé par ses « voix Â», il passa la porte de la baie...

Après que les spots des détecteurs de présence furent déclenchés, son oreille distingua clairement des sanglots : ils semblaient provenir du bois.

La lune éclairait les lieux… et entre les bruits de la nature déserte, le docteur n’arriva toujours pas à déterminer si les plaintes étaient animales ou humaines.

-      Il y a quelqu’un ?

La nature se mit sur « pause Â», le silence devint profond et seul ses pas agacés attestait du réel.

 

Quelques minutes plus tard, il ne voulait pas en rester là. Ces trois heures du matin lui rappelèrent d’autres trois heures et il ajusta son jean, son t-shirt, avant d’enfiler une paire de chaussures de travail.

Il vérifia le bon fonctionnement de sa lampe torche et traversa son coin de jardin. Il ne tarda pas à atteindre le fil métallique qui marquait la limite des deux terrains.

Son regard se porta en éclaireur au-delà du bosquet, sur ces arbustes qui avaient poussés dans ce qui était autrefois la cour d’une noble demeure. Cette propriété était celle d’un ancien monde.

Alors qu’une brise brulante fouetta soudainement son visage, il fit un pas en arrière, puis s’immobilisa. Les gémissements reprirent… Il sentait que quelques choses « l’appelaient Â» et que ce n’était pas que sa curiosité. Il survola avec son faisceau les herbes sauvages pour y trouver un passage.

Il sauta par-dessus le barbelé et avança vers la demeure. Rapidement, une odeur de cadavre l’alerta, avant de stopper sur une vision de frayeur : sur la droite, prisonnier des ronces, le corps d’un chevreuil… décapité. La curiosité l’invita à chercher la tête, mais en vain…

L’aventurier assura ses pas au milieu des ornières et obstacles jusqu’aux larges escaliers en pierre qui montaient vers la demeure centenaire. La nuit était étrange, le praticien n’avait pas de mal à imaginer cet endroit autrefois au lieu d’une certaine bourgeoisie. Des gens importants avaient probablement monté ces marches. De chaque côté du parvis, une tour s’élevait et toutes les deux veillaient. Des planches clouées de manière désordonnés condamnaient l’entrée principale.

L’homme de la nuit contourna la bâtisse à la recherche d’un autre accès. Il contourna la tour des supplices, mais à défaut d’une seconde entrée, son regard s’intéressa à une fosse où se perdait un escalier.

Après avoir descendu la moitié des marches, il découvrit le vestige d’une porte qu’il n’eut pas de mal à dépasser. Sa lampe torche ne tarda pas à rencontrer quelques bouteilles de bière et autres canettes. Un peu plus loin, le vestige d’un feu artisanal et… une tête de chevreuil. Les yeux de l’animal avaient été arrachés, ses oreilles tranchées et sa bouche comme dévorées.

Sans but précis que cette voix qui lui disait d’avancer, l’homme de science arpenta les diverses pièces du sous-sol désert. A chaque instant, il s’attendait à croiser des jeunes en mal de sensation, mais mis à part les courants d’airs, le silence régnait entre les murs glacés.

Alors qu’il venait de faire le tour d’un nouveau souterrain, il entendit au fond d’un autre corridor, un nouveau geignement qui ne pouvait pas être un courant d’air, mais une plainte humaine… Les surrénales du doc s’activèrent pour précéder une fuite, mais il ne voulait pas obéir à la chimie de son corps, il voulait répondre à cette question qui se posait à son regard : quelle autre personne éclairait le fond du couloir ?

-       Eh !

Au son de sa voix, l’autre curieux paniqua et poursuivit son chemin d’un pas rapide : le docteur décida de le poursuivre au même rythme.

Rapidement, l’éclaireur pris de l’avance et la puissance de son faisceau ne tarda pas s’évanouir au fond des longs couloirs. Un coup sourd et une douleur résonnèrent suivit d’une chute, celle d’un corps précédant un long rire… féminin. Patrick accéléra ses pas, quand soudain, il découvrit un mur barbouillé de sang. Il poursuivit jusqu’à atteindre le pied d’un petit escalier en pierre taillée, il leva les yeux vers une nouvelle porte entrouverte. Un éclairage d’appoint se diffusait dans la demeure inhabitée.

A la moitié des marches, un nouveau râle de souffrance essaya de le dissuader d’aller plus loin… Il passa l’encadrement et son regard identifia une sorte de remise avec des tonneaux et des amoncellements de larges caisses. Il lui fallut que quelques secondes pour identifier un balancier de pendule à taille humaine ; il s’agissait du balancement binaire d’un corps humain. Que faisait-il à cette hauteur ? Ses deux bras étaient ficelés le long de son corps lui-même pendu par la taille à une corde. Ses pieds étaient ballants à un mètre du sol : le festin était encore vivant.

Le docteur hésita à lui porter secours : où était cette folle ? Était-ce elle qui l’avait « pendu Â» en moins de trente secondes ? Comment avait-elle fait pour soulever 80 kilos ? Paralysé par l’indécision, le paria de la médecine braqua son regard sur le balancement du corps. Les bras du prisonnier étaient liés par son propre ceinturon et de ce fait, son pantalon avait glissé sur ses cuisses pour dévoiler un simple caleçon. Patrick prit le temps de détailler le visage tuméfié. Il devenait difficile de rester spectateur, il s’éternisait trop, mais comment allait-il faire pour décrocher ce corps ?

Son regard analysa la pièce, sombre et angoissante, une odeur avariée ne cessait de le pousser à la fuite. Soudain, les bruits lointains d’une semelle et de talons hauts cognèrent sur un plancher : les pas étaient en approches, ils glacèrent le visiteur qui sentit monter l’adrénaline… Impuissant face au corps pendu, il jeta un coup d’œil derrière lui, les caisses et il en déplaça une pour se ménager une cachette qui lui servira de poste d’observation.

Cramponné accroupis derrière la caisse, la tension enserra ses poumons et Patrick fixa le condamné : son regard était clos, mais il geignait encore. Une ombre se dessina, elle finit par s’imposer sur la moitié de la pièce. Les talons s’étaient tus et le mourant leva difficilement le menton. Derrière ses paupières tuméfiées, ses yeux détaillèrent le tortionnaire. Le regard du mourant fut pris de frayeur et sa gorge laissa échapper un râle d’inquiétude et aussi incroyable que cela puisse l’être, les yeux du docteur découvrirent une bosse déformer le caleçon du mourant. Que se passait-il ici ? Un type attaché qui s’était pris une commode en pleine gueule bandait pour quelque chose… Quelqu’un… Le manoir abritait-il un jeu de rôle sur le thème du sadomasochisme ?

Soudain, un nouveau ricanement, court et féminin rompit le silence. Une poitrine comprimée dans un imposant décolleté précéda une souveraine silhouette qui devait mesurer pas loin des deux mètres cinquante ! Ses hanches semblaient prisonnières d’un corset. Était-ce bien réel ? Cette femme s’immobilisa devant sa prise. Couronnée d’un chapeau à large bord, l’aristocrate était tout en contrôle dans sa vieille robe du 19ième. Le docteur Delafontaine avait retrouvé ces émotions que provoquaient les courbes d’un corps et plus particulièrement, cette poitrine qu’aucun bonnet ne pouvait contenir.

Le décor lugubre, les personnages et la peur l’empêchaient de réfléchir. Il se sentait le personnage d’un jeu vidéo, future victime d’un « Résident Evil Â» où il ne manquait plus que Milla Jovovich. D’où allait surgir les morts vivants ?

En attendant, l’inconfort de sa cachette rendait douloureux son cou et ses genoux. L’odeur carnée semblait s’introduire en lui et prendre pension à l’intérieur de son crâne. La fille du diable prenait son temps, elle semblait jouir de chaque seconde qui rapprochait le gibier de son inéluctable destin.

-      Ne soit pas tendu.

Sa voix était douce, envoutante et une audace aristocratique s’en détachait.

-      Tout ce cortisol est mauvais pour ta viande.

Le spectateur derrière sa caisse ne bougeait pas et impuissant, dos à la créature, il ne pouvait qu’observer ces gestes, mais surtout ses formes érotiques… La poitrine opulente dessinait de dos deux sphères à régaler. Elle posa ses doigts vêtus sur le visage sanguinolent, une main aussi large que le visage lui-même…

Une nouvelle fois, une odeur de corps en putréfaction traversa le visage du voyeur. La femme au chapeau sursauta, protesta et fit un pas en arrière : son regard descendit vers la « béquille Â» qui l’avait fâcheusement heurtée : un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres peintes, elles s’entrouvrirent et une langue en sortie pour laper sa lèvre supérieure. Sa respiration s’accéléra, elle releva les yeux et avança son visage de celui de l’homme.

-      N’y pense pas et écoute la mort qui vient.

Elle avança ses lèvres du visage sanglant, heurta, de sa langue, la peau du condamné, puis effleura de ses canines proéminentes, la lèvre supérieure, le cou… Rageusement, elle planta ses crocs dans la grosse veine… L’homme s’effraya, se débattit au bout de la corde, ses cris furent couverts par l’excitation de la créature aux gros seins. La mâchoire bestiale sectionna la chair, la carotide avait rompu et son jus chaud se déversa copieusement dans la gorge de la Lady. Affamée, elle aspirait le liquide nutritif sur des râles démoniaques ; son corps prenait du plaisir en ondulant et son fort fessier semblait donner le « la Â».

Après combien de minute ? Elle fit un pas en arrière, son visage s’était souillé d’éclaboussures tout comme son abyssal décolleté.

 

Soudainement, la Lady se retourna, le bord de son large chapeau heurta le plafond. Bien dissimulé derrière sa caisse, Patrick fixa l’image hypnotique de cette lourde poitrine pleine d’inertie. Le regard de la Lady détailla la remise, ses sourcils se froncèrent, alors que plusieurs gouttes de sang fuyaient vers son menton. Le voyeur captivé par cette vision retint son souffle. La mort fit deux pas dans sa direction et sortie un morceau d’étoffe blanche qu’elle abîma sur sa bouche gloutonne. Elle se pencha légèrement en avant, sa poitrine encombrante se souleva délicatement du large décolleté.

La malade à la peau pâle et aux yeux jaunes se doutait-elle de la présence d’un autre festin ? Elle esquissa un petit sourire malicieux et détourna le regard sur les objets de la pièce, avant de se redresser avec dignité. Sa main gantée projeta la pièce de tissu ensanglanté vers le sol.

Le temps d’une respiration, la femme aux canines saillantes quitta la pièce sur une démarche nonchalante et triomphante.

 

Lorsque le bruit des talons hauts fut suffisamment éloigné, le docteur Delafontaine se redressa et inspira à pleins poumons ; son odorat jusqu’à là paralysé par la peur capta le désagrément d’une mixtion hideuse de sang et de charogne. Que le mot était fort ! Il porta sa main sur ses narines, sa bouche et baissa les yeux devant cette vision cauchemardesque. Un arrière-gout de chair humaine pourrissait dans sa gorge, il aurait voulu expulser ce bouquet, mais le résultat serait vain. Au sol, ses doigts saisirent une preuve et il la fourra dans sa poche.

Son regard posé sur le cadavre, il s’interrogea sur cette sauvagerie gratuite. Elle lui rappelait celle qu’il avait subis. Qui était cette femme qui frisait les deux mètres cinquante ?

Son traumatisme guida ses pas vers l’encadrement par lequel il était arrivé et rapidement, tout son être décida de fuir la scène du crime. A présent, il ne pensait plus qu’à sauver sa peau et à cracher ce gout mortuaire. Le couloir lui semblait plus long que tout à l’heure, ses forces l’abandonnaient lentement et une fatigue croissante alerta le médecin sur la probabilité d’une hémorragie.

A un instant, il aperçut la tête du chevreuil et quand il fut à l’air libre, Patrick s’arrêta saisit par la fraicheur de la nuit. Paralysé, il planta lourdement ses deux genoux dans la terre. Les images sataniques lui revinrent à l’esprit, mais c’étaient surtout ces courbes érotiques qui l’obsédaient presque plus que les images de son carnage : qui était-elle ?

Le regard du Docteur défia un instant la pleine lune, avant de fermer les paupières et vaincu par ses nerfs, il s’écroula lourdement sur le sol.

 

A SUIVRE ?


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