Une nouvelle, c'est bien. C'est court, vite loché. Côté loche, elle semble normalement constituée. Linda n'a rien à foutre là, mais je ne savais pas où la mettre, même si je sais par où la mettre. Elle n'en plus ne saurait plus où se mettre si elle se voyait là.
Comment la mettre ? A poil. Comment la mettre à poil ? Si j'avais su que c'était si facile, j'aurais visité le parking du Super U avant cette histoire. Dire que je fais mes courses en dessous, chez le boucher qui saoule particulièrement. J'aurais mieux fait de passer moins de temps dans l'arrière boutique, au petit blanc sec.
Blanc et sec, son petit cul doit l'être aussi, lorsqu’il est visible depuis le parking, à l'étage. Je la connais de vue depuis longtemps, nos activités professionnelles nous amènent à fréquenter la même salle de sport mise à disposition par les forces navales. Son mec aussi. Lorsqu'il est là, ils font du judo sur le tatami. Sinon, elle est aux appareils.
Je la connais de vue, un ne va pas tarder à la connaître de cul.
Il fait beau. Il est en mer. Cela arrive qu'il embarque pour des tests sur de courtes périodes. J'avais espéré qu'il soit rentré pour le weekend. Ce matin, je suis allée à la salle. Normalement, il m'accompagne, là j'étais seule. Ce que vous avez devinez si vous avez commencé au début. Et là, je me demande ce que vous faites encore là. C'est chiant à raconter ces vies où il ne passe rien.
Je me suis couchée hier soir, touchée un peu aussi. Trop pour le partager avec des inconnus, pas assez pour en faire des gorges chaudes entre copines. Petite douche ce matin, une brassière, un leggings avec juste un petit truc dessous et c'est parti. Le samedi, c'est transpi. Nouvelle douche sur place. Au retour, le courrier, le linge, un weekend seule, le repas à préparer. Léger ce midi…
Je suis dans la cuisine quand le téléphone vibre. Je viens de changer. De téléphone et de numéro. Changer d'opérateur, c'est changer de numéro en ces temps retirés. Aujourd'hui, ça fait bizarre. On a un 06 comme un numéro de sécu, mais il fût une époque épique où on était un prénom et un nom. Le numéro de téléphone dépendait de votre opérateur. J'ai donné le nouveau à mon boulot, au sien. Et à lui évidemment. L’envoi est en numéro masqué.
Ouvre la fenêtre.Je regarde dehors, en face, c'est le parking aérien de la supérette. Plein de voitures, rien d'autre. Je ne reconnais pas la sienne.
"Brrr"
Je vais faire "Brrr" pour le téléphone qui vibre, c'est mieux que de dire que le téléphone vibre. Ça fait imagé, on sent presque le truc trembler dans sa poche.
Écarte-toi de la fenêtre. Reste devant.La fenêtre, c'est une porte fenêtre qui donne sur une barrière. Pas de balcon, mais une ouverture de haut en bas. Je rentre un peu dans la pièce, m'adosse aux éléments de cuisine, face au parking. Il fait beau, la chaleur pénètre l’appartement. "Brrr".
Tu fais quoi ?Le numéro est masqué, au début j’envoie des messages sur son portable. Il ne répond pas, juste ces petits trucs courts. Il a peut-être aussi changé de numéro. Je montre mon assiette vers la fenêtre.
Commence.Je prends une bouchée, repose l'assiette. “Brrr”
Enlève ton short.Il aime jouer, moi aussi. Je ne suis pas exhib sans lui, audacieuse avec. L'appartement est baigné de soleil, je suis face aux éléments. Un dernier coup d'œil, les gens passent. Qui pour regarder précisément cette fenêtre ? Lui, lui seul. Je tombe le short, le brandis vers la fenêtre, le jette sur le côté. Je lui tends mon pied nu, ma jambe nue, reste de face. Dessous, ce n’est pas top, derrière ce n’est pas couvert. Avec lui,, c’est dentelle, sans, j’ai passé un string en coton.
“Brrr”. Il n’ordonne pas, il m’invite. Je n’obéis pas à ses injonctions, j’obéis à mon envie de lui plaire. J’ouvre la fenêtre du salon, je me balade, je m’approche un peu. Il me fait manger, un peu.
“Brrr”. Il détaille ma tenue vestimentaire, solliciterait-il un effeuillage ?
Le top. Je n’ai rien dessous. J’hésite. Je le remonte, je le remets. Le “Brrr” ne me surprend pas, il m'apparaît presque plus fort. Je ne regarde même pas, je reste face à la fenêtre. Les mains en bas puis les bras remontent. Il me reste mon string, je n’attends même pas la suite, deux doigts sur les hanches, je m’abaisse, les mains le long des cuisses, je relève un pied, l’autre. Je l’imagine frustré de ne pas avoir commandé le final, ma petite victoire à moi.
Je lui envoie un petit émoji qui cligne de l'œil. De “Brrr” en “Brrr”, d'enlève” en “enlève, me voilà à poil.
Je finis mon assiette, face à la fenêtre pour manger, de dos pour la laver. J'espère que le jeu lui donne envie de déguster lui aussi. Plus de message, il traverse la rue ? Je l'imagine en bas de l'immeuble. Il n'a pas ses clés, j'attends l'interphone. J'attends. Je lui envoie un SMS. Il pourrait répondre.
Le temps passe. Passe. L'interphone reste silencieux. Je me mets sur le canapé. L'idée de m'y faire mettre me poursuit. J'attrape l'ordi, je consulte mes mails. Sans motivation, j'ouvre celui qu'il m'a envoyé. Il est arrivé tôt ce matin. Il m'annonce sûrement son retour prématuré.
Tout se passe bien, pas d'imprévu. Je t'embrasse.Sur ces bâtiments, tous les messages sont filtrés, l'envoi lui-même se fait par un opérateur. Peu de place pour le romantisme et plus il est court, plus vite il part. Coup de froid sur ma libido, je me précipite à la fenêtre, je la ferme, la deuxième. J’aurais mieux fait de passer quelque chose avant.
J’ai des questions, pas de réponse.
La police n'en aura pas plus, ils s’en foutent. Les soupçons se tournent vers un collègue de mon service. La DPSD non plus ne sera pas emballée par l’affaire.
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